samedi, octobre 22, 2005

Connaissez vous Percy Grainger ?

Connaissez -vous Percy Grainger ? Il n'y a pas de raison pour que vous ne le connaissiez pas puisque je le connais... Je ne pense pas que ce soit votre Amilodéon qui vous l'ai fait connaître, peu importe... Il faut connaître Grainger. L'histoire personnelle de Grainger est peu importante, ce qui est important c'est sa musique. Imaginez ce que peut donner de plus typiquement anglais la musique vocale lorsqu'elle est anglaise. C'est à dire la mise en valeur du chant choral dans ce qu'il a de plus jubilatoire. Je souhaite à tout le monde de savoir harmoniser les chants les plus simples aussi bien qu'il le fit. Bien sûr nous eûmes Canteloube ce qui n'est, c'est vrai, pas si mal ; mais il y avait chez lui ce coté sauvegarde du patrimoine qui n'apparait pas chez Grainger. Grainger, comme l' a fait à plusieurs reprises Britten son (presque) contemporain compose une partie de son oeuvre en utilisant un matériel traditionnel en y ajoutant sa part, et cette part n'est pas congrue...

Imaginez , mais vous l'entendrez à la première occasion, une musique d'une rare densité, d'une volupté harmonique qui intervient comme une sorte d'antidote à la rigueur Victorienne qui perdura après la disparition de Victoria (a-t-elle vraiment disparu- ?) . La musique de Grainger est d'une sensualité proprement scandaleuse car à la sensualité de l'harmonie vient s'ajouter celle de l'orchestration... Cette sensualité ne va pas sans violence, parfois, la Chanson de Denis Beever en est la preuve. Il s'agit d'une fausse complainte ancienne qui raconte la fin tragique d'un marin scélérat sur un bateau, vue par le mousse qui n'a jamais assisté à la pendaison d'un homme...Un Billy Bud en réduction... cinq minutes de violence musicale en règle en utilisant les moyens les plus simples du discours musical traditionnel, voix plus vents.


Il y aussi cet élan de tendresse musicale qu'est cette vocalise qui allait devenir par la suite " O Danny boy" ou Londonderry Air que tout le monde connait sans savoir qu'il en fut finalement peut-être l'auteur...

Si vous ne craignez pas de ressentir des émotions en écoutant de la musique contemporaine ( il est mort dans les années soixante), ce qui n'est pas forcément très bien vu, mais après tout, vous pouvez l'écouter en cachette, écoutez Grainger, c'est en plus bigrement intelligent.






dimanche, octobre 16, 2005

Ah! l'enfant...

Quand j'étais enfant nous avions à la maison des disques de Brassens, des Frères Jacques , et de Jacques Douai...
Ce n'était pas très rock'n roll, certes, mais, rien, non-rien-de-rien-,non-je ne regrette rien ( nous écoutions aussi Piaf...)Je n'avais pas écouté Douai depuis des lustres. Je l'ai écouté hier. Un disque qu'il faut commander, ( le bonheur, au fond, ça se mérite disait Aznavour) édité par Bernard Bonaldi, une sorte de florilège. Jacques Douai , c'est une voix de ténor à la française, un peu Bernac, une diction impeccacble, un talent aussi de diseur. Des chansons à texte comme on disait, ambiance club des poètes, Luc Bérimond, Jean-Pierre Rosnay et tous les siens...Amis de la poésie bonsoir!... Ca a paru un peu ringard, pendant quelques dizaines d'années. Erreur ! Amis champions de la modernité, c'est tout le contraire. C'est intelligent, c'est drôle, et en plus, fans de Delherme ou de Bogaerts, sachez que c'est remarquablement écrit et souvent proprement subversif... c'est de la poésie tout simplement... Ah bien sûr, ça n'a rien à voir avec la subtile évocation d'un meuble Ikéa, le souvenir ému d'un rot de coca cola au fin fond d'un drugstore... Ce sont des textes d' Aragon, de Ferré, de Marcy, Robert ou bien Claude, des partitions de musiciens professionnels... Thiriet, Ferré, Tailleferre ( tiens, encore elle...) Une chanson en particulier de Tailleferre et de Claude Marcy qui s'appelle l' Enfant blond , chanson d'une drôlerie incroyable et qui pourrait faire un utile triptyque avec Ca ne tourne par rond dans ma p'tite tête de Francis Blanche et Ah Je voudrais être grand de Polnareff.
Tailleferre donc écrivait des chansons ? Et oui, on nous l'avait soigneusement caché un peu comme on tait la vérole...