samedi, janvier 15, 2011

Carson P. Cooman ou la chance de déplaire

"La Révélation Cooman attendra encore"
C'est sur un truc qui s'appelle classiqueinfo.

Je vais être clair : Carson P.Cooman est un ami. C'est un ami parce que j'aime sa musique et non le contraire.
Je ne connais en revanche pas Gilles Quentel.
Une ou deux choses me laissent rêveur dans la critique que celui-ci a écrite de Cooman dans sa globalité et qu'on peut lire grâce au lien ci dessus, c'est le reproche qu'il lui fait de trop composer. Ça me rappelle un peu le " Trop de notes Mozart, trop de notes " de Colloredo ou plus encore le "Quand ma chienne fait trop de petits, je les noie" de Weber l'adresse du très prolifique et sublime Schubert.
Mais Mozart reste Mozart malgré le prince archevêque, Schubert reste Schubert malgré son bilieux collègue et les jugements qu'on porte sur leur Oeuvre sur le plan qualitatif et, curieusement comme il le fait, quantitatif, n'y changent rien, fût-ce exprimé un peu en demi-teinte.

C'est très curieux cette récrimination que lui fait Gilles Quente de trop composer. Reproche-t-on à celui-ci de trop écrire de critiques ? "on aimerait assez qu’il s’appesantisse un rien sur ses œuvres et en densifie la matière plutôt que de les aligner par centaines" dit-il encore de Cooman. Comme je le lis pour la première fois, j'ignore si Monsieur Quentel écrit trop ou simplement beaucoup. Je pense en revanche qu'il pourrait lui aussi "densifier" sa pensée critique au lieu de chronométrer les oeuvres de Cooman et de comptabiliser son opus pour, in fine, asséner des jugements peu convaincants car plus littéraires que musicaux du genre “mièvre“ ou “produisant un sentiment de dilution de l’idée musicale“. Autant reprocher à Mahler sa vulgarité volontaire et son bordel d’idées musicales.
La composition, peut-être Monsieur Quentel l'ignore-il, est (souvent) une seconde nature, un acte simple et naturel, même si nous ne sommes pas égaux devant la facilité. Cooman fait partie des compositeurs doués de cette facilité qui agace beaucoup de monde, c'est normal.

Si l’on doit enfin rapprocher sa musique de celle d’un de ses aînés, c’est de toute évidence plus de Dominick Argento que de Coplan que se trouve une filiation si tant est qu’elle existe.

Ah ! si Monsieur Quentel savait qu'en plus d'être organiste virtuose, Carson Cooman est aussi un excellent pianiste. S'il savait qu'il s'intéresse aussi de près à la musicologie et qu'il a composé un très étonnant concerto pour orgue positif accordé à un tempérament inégal qui a visiblement échappé à la sagacité de notre critique-expert-comptable en opus.
Pour ce qui est de "Rossini in the Kitchen" jamais cette oeuvre dont je suis l'adaptateur en français comme je le suis d'autres pièces vocales de Cooman, n'a été présentée comme un "opéra" mais plus simplement comme un "monodrame comique en un acte", une petite "sotie" de concert . Encore faut il pour faire de la critique honnête commencer par lire correctement le titre des oeuvres..Si j'ajoute que Carson Cooman est de surcroît francophone et germanophone, l'agacement de Monsieur Quentel serait encore plus grand.

C’est curieux on a l’impression que Monsieur Quentel qui n'est pas et c'est heureux virulent une seconde reste fasciné par le personnage Cooman. Qu’il lui accorde quelques qualités que le public de plus en plus important qui le suit reconnait désormais mais qu’en même temps cette profusion le sidère un peu. Quand on aime, Monsieur Quentel, on ne compte pas...

samedi, octobre 22, 2005

Connaissez vous Percy Grainger ?

Connaissez -vous Percy Grainger ? Il n'y a pas de raison pour que vous ne le connaissiez pas puisque je le connais... Je ne pense pas que ce soit votre Amilodéon qui vous l'ai fait connaître, peu importe... Il faut connaître Grainger. L'histoire personnelle de Grainger est peu importante, ce qui est important c'est sa musique. Imaginez ce que peut donner de plus typiquement anglais la musique vocale lorsqu'elle est anglaise. C'est à dire la mise en valeur du chant choral dans ce qu'il a de plus jubilatoire. Je souhaite à tout le monde de savoir harmoniser les chants les plus simples aussi bien qu'il le fit. Bien sûr nous eûmes Canteloube ce qui n'est, c'est vrai, pas si mal ; mais il y avait chez lui ce coté sauvegarde du patrimoine qui n'apparait pas chez Grainger. Grainger, comme l' a fait à plusieurs reprises Britten son (presque) contemporain compose une partie de son oeuvre en utilisant un matériel traditionnel en y ajoutant sa part, et cette part n'est pas congrue...

Imaginez , mais vous l'entendrez à la première occasion, une musique d'une rare densité, d'une volupté harmonique qui intervient comme une sorte d'antidote à la rigueur Victorienne qui perdura après la disparition de Victoria (a-t-elle vraiment disparu- ?) . La musique de Grainger est d'une sensualité proprement scandaleuse car à la sensualité de l'harmonie vient s'ajouter celle de l'orchestration... Cette sensualité ne va pas sans violence, parfois, la Chanson de Denis Beever en est la preuve. Il s'agit d'une fausse complainte ancienne qui raconte la fin tragique d'un marin scélérat sur un bateau, vue par le mousse qui n'a jamais assisté à la pendaison d'un homme...Un Billy Bud en réduction... cinq minutes de violence musicale en règle en utilisant les moyens les plus simples du discours musical traditionnel, voix plus vents.


Il y aussi cet élan de tendresse musicale qu'est cette vocalise qui allait devenir par la suite " O Danny boy" ou Londonderry Air que tout le monde connait sans savoir qu'il en fut finalement peut-être l'auteur...

Si vous ne craignez pas de ressentir des émotions en écoutant de la musique contemporaine ( il est mort dans les années soixante), ce qui n'est pas forcément très bien vu, mais après tout, vous pouvez l'écouter en cachette, écoutez Grainger, c'est en plus bigrement intelligent.






dimanche, octobre 16, 2005

Ah! l'enfant...

Quand j'étais enfant nous avions à la maison des disques de Brassens, des Frères Jacques , et de Jacques Douai...
Ce n'était pas très rock'n roll, certes, mais, rien, non-rien-de-rien-,non-je ne regrette rien ( nous écoutions aussi Piaf...)Je n'avais pas écouté Douai depuis des lustres. Je l'ai écouté hier. Un disque qu'il faut commander, ( le bonheur, au fond, ça se mérite disait Aznavour) édité par Bernard Bonaldi, une sorte de florilège. Jacques Douai , c'est une voix de ténor à la française, un peu Bernac, une diction impeccacble, un talent aussi de diseur. Des chansons à texte comme on disait, ambiance club des poètes, Luc Bérimond, Jean-Pierre Rosnay et tous les siens...Amis de la poésie bonsoir!... Ca a paru un peu ringard, pendant quelques dizaines d'années. Erreur ! Amis champions de la modernité, c'est tout le contraire. C'est intelligent, c'est drôle, et en plus, fans de Delherme ou de Bogaerts, sachez que c'est remarquablement écrit et souvent proprement subversif... c'est de la poésie tout simplement... Ah bien sûr, ça n'a rien à voir avec la subtile évocation d'un meuble Ikéa, le souvenir ému d'un rot de coca cola au fin fond d'un drugstore... Ce sont des textes d' Aragon, de Ferré, de Marcy, Robert ou bien Claude, des partitions de musiciens professionnels... Thiriet, Ferré, Tailleferre ( tiens, encore elle...) Une chanson en particulier de Tailleferre et de Claude Marcy qui s'appelle l' Enfant blond , chanson d'une drôlerie incroyable et qui pourrait faire un utile triptyque avec Ca ne tourne par rond dans ma p'tite tête de Francis Blanche et Ah Je voudrais être grand de Polnareff.
Tailleferre donc écrivait des chansons ? Et oui, on nous l'avait soigneusement caché un peu comme on tait la vérole...